Une methode superbe pour enseigner l'orthographe (et les sons):  Le tri des mots

   Tris ? Quels tris ?  Qu’est-ce que c’est encore que ce truc ? 

Le tri des mots est une méthode superbe, bien recherchée (en anglais), qui mène non seulement à l’amélioration de l’orthographe des enfants, mais aussi à une amélioration de leur niveau de lecture.  Cela vaut vraiment la peine de prendre le temps de comprendre de quoi il s’agit, et de s’y jeter de tout son cœur, malgré le travail initial un peu rébarbatif.  Qui d’entre nous veut plus de boulot ? 

L’objectif est d’enseigner aux élèves d’analyser les mots, ce qui les amènera progressivement à mieux lire et à épeler les mots plus correctement.  Ce travail est graduel, puisque chaque lettre peut faire plusieurs sons et chaque son est représenté par plus d’une lettre…  Dans les mots de plusieurs syllabes, différentes règles s’appliquent, ainsi que lorsque l’on ajoute les suffixes, ou les racines.  De plus, on peut identifier le genre (féminin ou masculin) de 80% des mots selon leur orthographe.  L’objectif, ici, est de créer des catégories auxquelles ont peut ajouter de nouveaux mots que l’on trouve dans nos lectures. 

L’idée principale des tris provient des études menées par Bear, Invernizzi, etc. (Virginia Commonwealth University) au début des années 90.  (Ils ont publié le livre ‘Words Their Way’, très informatif avant d’être totalement commercialisé.)  Cette équipe de chercheurs a fait une étude très approfondie et découvert est que l’orthographe a des stages précis dans le développement de chaque élève, depuis le début (l’utilisation principale des consones), jusqu’à la fin, vers le début du lycée avec la compréhension des racines (bio, inter).

La méthode, qui s’est révélée très efficace (et a donc entrainé la commercialisation), est d’identifier le stage des élèves, puis de les faire travailler à partir de leur stage en contrastant ce qu’ils connaissent déjà et ce qu’ils doivent apprendre.  

   Le travail consiste de trier des cartes de mots selon des critères (pas plus que 2 critères à la fois, avec la 3ème catégorie étant ‘bizarre’, c'est-à-dire les exceptions.)  L’idée du tri relève aussi du génie, car en triant les mots et en articulant les règles, les enfants ne se contentent pas d’apprendre les 20 mots de la semaine, et de les oublier après la dictée, mais ils apprennent à lire et à épeler beaucoup d’autres mots qui suivent les mêmes règles.  Les exceptions sont peaufinées au fur et à mesure de l’apprentissage, quand les enfants avancent à un niveau supérieur.  Par exemple, au niveau CP, les enfants apprennent le son ‘o’, et donc si nous trions pour ‘o’ et ‘i’, par exemple, le mot ‘nous’ est « bizarre ».  Plus tard, ils apprennent que le mariage des deux voyelles ‘o’ et ‘u’ forme le son ‘ou’, qui forme alors sa propre catégorie (soit contrastée au son o, soit à autre chose, par exemple ‘ai’, selon le stade…)  

   Au niveau de l’étude des sons, ils ont chacun une image é, épée, qui aide les enfant qui en ont besoin à visualiser la famille du son.  Nous avons une bibliothèque d’images (Alphasons) que nous pouvons tous utiliser en commun afin que les enfants qui ont besoin de soutient retrouvent ‘ain’ dans ‘bain’, à chaque niveau, plutôt que ‘bain’ au CE1, ‘pain’ au CE2, ‘main’ au CM1, etc.  J’ai inclus les images dans ce disque.  (Alphasons)

Il est très important de ne pas choisir des catégories qui mènent à la confusion.  Par exemple, les petits américains se sont révélés avoir beaucoup de difficulté à distinguer ‘on’ et ‘en’, ‘u’ et ‘ou’, ‘é’ et ‘è’.  Comparer ces sons dans un seul tri ne clarifie rien pour la plupart des enfants.  C’est la même raison pour laquelle en maternelle, on contraste les lettres qui ne se ressemblent pas et qui forment des sons très différents : T et M, par exemple, et non M et N.

Pour choisir les mots en français (puisque les listes ont été conçues pour l’anglais…), il faut se pencher sur plusieurs plans.  Celui des niveaux, expliqué dans le livre de Bear, Invernizzi et al., pour voir à quel niveau se trouve en général la classe.  Puis, il faut bien sûr prendre en compte l’orthographie française, et les sons (im, oin, oi, ou, aille, eille, etc.).  Il existe évidemment des listes d’orthographe développées au fil des ans dans les établissements francophones.  Elles sont un bon point de départ afin de ne pas devoir ‘réinventer’ tous les mots qui s’épellent avec ‘ain’, etc.  Finalement, un chercheur américain dont j’ai oublié le nom, a analysé les mots français et découvert que le genre (féminin ou masculin) de ces mots pouvait être prédit 80% du temps.  Ceci va du plus simple ‘bon’, ‘bonne’, au plus compliqué ‘soleil’, ‘abeille’.  Donc, en développant les ébauches de tris (car je n’enseigne pas les ‘grands’), voici ce que j’ai pris en compte.  

Le niveau de difficulté des tris consiste non seulement dans le choix des mots, mais dans la capacité des enfants à lire, donc dans les activités journalières, qui consistent en plus du tri à retrouver des mots qui suivent les catégories données dans la lecture du jour précédent (texte connu), les plus faibles trouveront le son ‘o’ dans ‘mot’ et ‘gros’, alors que les plus forts le trouveront également dans ‘beau’, ‘aussi’, et écrirons une longue liste de ‘ou’ dans les ‘bizarres’. Les plus forts seront capables d’articuler la règle de certaines exceptions.  Encore une fois, il est impératif dans la recherche des mots, que les textes soient connus et faciles à digérer… Un enfant qui ne peut pas vraiment lire le texte copiera les mots bêtement (mettra ‘nous’ dans le son ‘o’, par exemple, car il ne peut pas lire ‘nous.’)  

Ce que David et Alison ont fait, c’est adapter mes ébauches à leurs besoins et les modifier selon leur connaissance beaucoup plus vive des besoins et capacités des élèves de CE2 (américains).  Le défi pour vous est de faire la même chose, et de changer les mots chaque année jusqu’à ce que vous obteniez les ‘listes idéales’.  L’avantage est que si vous souhaitez séparer vos enfants en groupes (pas plus de 2 la première année), la liste de 3e est disponible pour les plus faibles.  

En anglais, de longues listes de mots représentant chaque niveau avaient été développées par les chercheurs, et les profs pouvaient puiser dans l’écrit des enfants et utiliser les listes pour les avancer.

Exemple de travail : David et Alison ont développé leur propre méthode, peut-être plus utile ou attrayante pour les ‘grands’.  Je sais qu’ils ont fait un bon travail, mais il faut les voir pour les détails, ainsi que pour les listes révisées de 3ème année.

A.  Méthode AVANCÉE 

ON TRIE LES MOTS TOUS LES JOURS !!!!  Le premier jour avec le prof, les suivants avec les copains (par 2 ou par groupe), les plus faibles trient avec le prof tous les jours, si besoin.

lundi, souligner les mots féminins et masculins de deux couleurs différentes (dico).  mardi illustrer chaque mot avec un petit croquis, un synonyme, un exemple, un son ou un geste (vocabulaire) ; mercredi chercher des mots qui ressemblent à ceux du tri ;  jeudi formuler les règles et les expliquer à autrui ; vendredi, le test d’orthographe (s’il y en a un) est simplement un test de règle pas nécessairement du mot entier.  Les élèves doivent placer les mots donnés dans une colonne logique selon le genre.  Ce qui est plus valable est de prendre des exemplaires d’écriture des élèves à travers l’année, et de repérer leur progrès en voyant quelles règles ils appliquent dans leur propre écriture.

B.  Méthode SIMPLE :  

ON TRIE LES MOTS TOUS LES JOURS !!!!  Le premier jour avec le prof, les suivants avec les copains (par 2 ou par groupe), les plus faibles trient avec le prof tous les jours, si besoin.

Lundi, réviser l’ancien tri et le ranger recycler.  On coupe les mots du nouveau tri.

Pour les devoirs, on lit la liste des mots de la semaine dernière à ses parents et on marque en jaune tous les mot que l’on sait lire sur la liste.

Mardi, on présente le nouveau tri.  On trie les mots ensemble.  On place les mots selon les sons ou la règle.  Si un élève place un mot dans un endroit bizarre, lui demander pourquoi.  Si la réponse est logique, laissez l’élève placer le mot à l’endroit de son choix.  Tout le monde n’entend pas les mêmes sons dans les mots, et l’objectif est de former une trame individuelle, plutôt que de suivre l’exemple ‘juste’ du maître.

Mercredi, on trie les mots encore une fois.  On fait la chasse aux sons (dans les textes connus et déjà lus) , par exemple au son /g/, avec une colonne pour le son, et une colonne ? (bizarre) pour les mots qui ne suivent pas la règle.  On discute les mots trouvés à la fin de la lecture ou au début du jour suivant.

Jeudi, On trie les mots encore une fois.  Le travail est le même que mercredi, avec l’autre son.  On peut écrire des phrases loufoques avec les mots que l’on a trouvés et les illustrer.  On peut créer un livre pour la classe à partir des phrases inventées par les élèves, ce qui fera une révision ‘sans peine.’

Vendredi, on trie les mots.  On discute les mots que les élèves ont trouvé.  Parfois, on peut en tirer de nouvelles règles (aux élèves de les articuler- par exemple, un élève de 1ère a ‘inventé’ la règle, « S’il y a une consonne après le e à la fin d’un mot, le ‘e’ fait le son /é/ » - ce qui marche pour aller, chez, les » dans le tri donné.  (aux élèves, également, de noter les exceptions.)  Le test d’orthographe (s’il y en a un) est simplement un test de sons, pas nécessairement du mot entier.  Les élèves doivent placer les mots donnés dans une colonne logique selon le son.  Ce qui est plus valide est de prendre des exemplaires d’écriture des élèves à travers l’année, et de repérer leur progrès en voyant quelles règles ils appliquent dans leur propre écriture.

On peut également créer des jeux avec les sons visés, tel qu’un jeu de l’oie.

Pour plus d’informations, consulter « Words Their Way » de Bear, Invernizzi & al, dans la bibliothèque de votre école.

   Si je peux vous servir, n’hésitez pas à me contacter.  

Télécharger « Tous les tris 1ere rev JUL 13.doc »